Piolets d'Or - Hommage à Hiraide et Nakajima

L’édition 2024 des Piolets d’Or se tiendra à San Martino di Castrozza, dans le Trentin, du 8 au 11 décembre !

Voir le programme

Ascensions lauréates 2024 & Mention spéciale

Le jury international des Piolets d'Or a choisi de décerner trois prix et une mention spéciale. Il s'agit, dans le désordre, des ascensions suivantes :

Tirich Mir (7708m)

Première ascension de The Secret Line dans la face nord du Tirich Mir (7 708 m) dans l'Hindu Kush, au Pakistan, du 17 au 23 juillet. Traversée de la montagne...

Read more

Jannu (7 710m)

©Alan Rousseau Première ascension de Round Trip Ticket (2 700m, M7 AI5+ A0), une nouvelle voie partielle sur la face nord et l'arête nord-ouest du Jannu, Kangchenjunga Himal, du 7 au...

Read more

Flat Top (6 100m)

©Matthias Gribi Première ascension de Tomorrow Is Another Day (1 400m, ED, 5c A2 WI4 M6) dans la face nord du Flat Top, Himalaya du Kishtwar, du 2 au 6 octobre...

Read more

Mention spéciale pour l’alpinisme fémini…

Les Piolets d'Or visent à promouvoir l'alpinisme féminin en attribuant une mention spéciale à une expédition exclusivement féminine ayant réalisé une ascension importante dans un massif majeur, ou bien à...

Read more

San Martino di Castrozza, 8 > 11 déc…

Nous sommes très heureux d’annoncer que l’édition 2024 des Piolets d’Or se tiendra à San Martino di Castrozza, dans le Trentin, du 8 au 11 décembre ! Pour la première fois...

Read more

2024 - Jordi Corominas

Jordi est un guide certifié IFMGA de longue date qui vit à Benasque, sur le versant sud des Pyrénées. Né à Barcelone, il a passé sa jeunesse à grimper dans...

Read more

Ascensions marquantes 2024

This is a representative list of significant, innovative ascents from most mountain regions of the World. It is not a list of “nominated” ascents for the Piolets d'Or and should...

Read more

Portraits & Tributes

Hommage à Hiraide et Nakajima

©Magorzata Telega “Pour moi, grimper consiste à tracer mon propre chemin, et non à suivre la voie de quelqu'un d'autre.”Kazuya Hiraide La face ouest du K2 (8 611 m) fait partie de...

Read more

Hommage à Sergey Nilov et Dmitry Golovch…

Cet été 2024 restera parmi les plus cruels pour la communauté alpine. Alors que nous apprenions la disparition de la célèbre cordée japonaise constituée par Kazuya Hiraide et Kenro Nakajima...

Read more

Hommage à Archil Badriashvili

©Piotr Drożdż Le Géorgien Archil Badriashvili a disparu le 10 août 2024 à l’âge de 34 ans. Il se trouvait avec des compagnons sur le Shkhelda (4 388 m), non loin...

Read more

©Magorzata Telega

“Pour moi, grimper consiste à tracer mon propre chemin, et non à suivre la voie de quelqu'un d'autre.”
Kazuya Hiraide

La face ouest du K2 (8 611 m) fait partie de ces parois légendaires auréolées de mystère. Versant le plus raide du deuxième sommet de la planète, haut de plus de trois mille mètres, il n’a été gravi qu’une seule fois en 2007, par une lourde expédition russe menée par Vikor Kozlov qui y passa plus de soixante-dix jours en utilisant beaucoup de cordes fixes. Entrelacs de falaises verticales et de séracs menaçants, elle ne pouvait qu’attirer les meilleurs grimpeurs en style alpin. Elle était devenue le rêve et l’objectif principal de deux des meilleurs grimpeurs japonais de ces deux dernières décennies, Kazuya Hiraide et Kenro Nakajima.

L’aîné, Hiraide, 45 ans est bien connu de la communauté alpine et plus particulièrement de celle des Piolets d’Or. Dès 2001, il réalise la première ascension du Kula Kangri East Peak (7 381 m) au Tibet et s’adjuge son premier 8 000 (il en gravira cinq), le Cho Oyu et le redescend à ski (Hiraide fut aussi récompensé lors des championnats asiatiques de ski-alpinisme). Il va ensuite former une cordée mixte emblématique du style alpin avec sa compatriote  Kei Taniguchi : ouvertures sur l’arête nord-ouest du Spantik (7 027 m) et en face est du Lila Peak (6 200m), Pakistan (2004), arête est du Mustagh Ata (7 564m), Chine (2005), ouverture en face nord et arête nord-ouest du Shivling (6 543m), Inde (2005), première de la face sud-est du Kamet (7 756 m), Inde (2008). Cette dernière ascension baptisée Samurai Direct (1 800 m, M5+ AI5) est reconnue par un Piolet d’Or en 2009, le premier attribué à des grimpeurs nippons et aussi à une femme. Ils continuent en 2011 par l’arête sud-ouest du sommet sud (7 200 m) du Naimonanyi (7 694 m) en Chine puis l’arête ouest  du Jul Diran (7 266m) au Pakistan en 2013. Leur cordée ne sera brisée que par la tragique disparition de Taniguchi en 2015 sur le Mont Kurodake à Hokkaido (Japon).

Nakajima, 39 ans, se distingue en Himalaya dès 2006 (première ascension du Panbari Himal (6 905 m) puis face sud du Mar Dingjung Ri (6 196 m). À partir de 2014, il fait équipe avec Hiraide : « Nous grimpons souvent ensemble mais nous sommes des grimpeurs différents. Hiraide a plus d’expérience, alors que je suis plus fort techniquement, même si ce n’est que mon opinion évidemment. Cela signifie que je suis généralement en tête, tandis que Hiraide me suit et me surveille. Quand je fais une erreur, il me le dit. C’est difficile d’être en tête, mais lui aussi derrière a une lourde responsabilité. »

En 2015, la cordée (avec Takuya Mitoro) gravit la face nord de l’Api (7 132m) au Népal. Puis en 2017, les deux hommes frappent fort au Pakistan. Le Shispare (7 611 m) est l’un des plus hauts sommets du Batura Muztagh au-dessus de la vallée de Hunza, cette enclave ismaélienne du Pakistan Nord. Si son nom ne parle qu’aux spécialistes, la beauté et la pureté de son immense (2 700 m) et vierge face nord-est sautent aux yeux. C’est encore une histoire de persévérance car depuis 2007, Hiraide a déjà tenté trois fois (dont une fois par cette face nord-est) le Shispare, qui n’a vu que deux ascensions en tout et pour tout. Ils choisissent une ligne sur la partie gauche de la face qui évite habilement les gros séracs centraux et la pyramide du bastion rocheux final. Le 18 août 2017, Hiraide et Nakajima montent bivouaquer à 5 450 mètres au pied de la face et, le lendemain, remontent de vastes pentes glaciaires et mixtes jusqu’à 6 500 mètres. Il leur faudra ensuite une journée entière pour gravir 350 mètres avec des traversées en glace très raides (M6 WI5). Le mauvais temps les bloque alors une journée et Nakajima commence à montrer des signes de mal des montagnes. Ils continuent néanmoins dans une neige épaisse et atteignent le sommet avant de revenir sur leurs pas à la boussole. En souvenir de Kei Taniguchi, Hiraide enfouit sa photo au sommet. Pour cette ascension, ils reçoivent l’un des Piolets d’Or 2018, le second donc pour Hiraide.

En 2019, le duo est de retour en pays Hunza sur le Rakaposhi (7 788 m) sur le versant sud et l’arête sud-est, un itinéraire immense, haut de quatre mille mètres. Si les difficultés techniques ne sont pas exceptionnelles, l’aventure est totale, dans un versant isolé et peu fréquenté. Un nouveau Piolet d’Or vient récompenser ces valeurs prônées par la charte des Piolets d’Or. En 2023, toujours au Pakistan, ils atteignent le sommet du Tirich Mir (7 708 m) par une nouvelle voie dans la face nord jusque-là inexplorée comme le soulignait Nakajima : «  La face nord, comme entourée d'une forteresse, est restée silencieuse. Pour se tenir à sa base, il faut monter d'une vallée inconnue jusqu'à un col à 6 200 m, puis redescendre par une vallée inconnue pour enfin se tenir sur la ligne de départ. J'adore ce genre d'escalade exploratoire ! »

 

En 2017, après leur ascension du Shispare, ils avaient marché jusqu’au K2 pour en étudier la face ouest et repérer une ligne possible. Comme le nota alors Hiraide : « En accumulant progressivement de l'expérience, je peux transformer l'impossible en possible. J'ai toujours essayé de gravir des montagnes comme celle-ci, alors même s'il me faut vingt ans pour accomplir l'impossible, c'est toujours amusant. C'est la raison d'être de cette face ouest. »  En cet été 2024, ils sont enfin prêts à relever leur défi : « La probabilité de réussir est faible. Notre premier but n’est d’ailleurs pas d’atteindre le sommet, mais d’abord de découvrir un monde que nous ne connaissons pas encore. » Le 27 juillet, alors qu’ils ont déjà atteint 7 500 m, la cordée chute de plus de mille mètres. Un hélicoptère réussit à les repérer mais les deux alpinistes ne donnent aucun signe de vie, leurs corps restent immobiles… Leur position et les conditions météo ne permettent pas de les approcher que ce soit par voies aériennes ou terrestres et l’évidence s’impose rapidement : ils ne reviendront pas de leur ultime rêve. Comme l’avait souligné Hiraide avant leur départ : « Dans mon cœur, j'ai des attentes, des espoirs, des inquiétudes, des peurs... Je ne peux pas me limiter à un seul mot. »

Takuya Mitoro était leur ami et témoigne de leur passion et de leur vision : « Jusqu'à récemment, grimper en expédition lourde était presque exclusivement un domaine japonais. Lorsque le style alpin a gagné en popularité, Kazuya et Kenro ont été des pionniers et des figures de proue au Japon. Ils recherchaient continuellement des voies que personne n'avait tentées auparavant, rêvant de montagnes que personne n'avait vues. Ils se sont efforcés de réaliser des ascensions qu'ils étaient les seuls à pouvoir accomplir. Ils ont relevé leurs défis en pionniers, s'attirant les faveurs du monde entier. Ils étaient de véritables héros pour la communauté des grimpeurs japonais.

En tant que photographes de montagne, ils étaient aussi des artistes qui illustraient  leurs ascensions extrêmes. Il est particulièrement difficile de concilier l'escalade de haut-niveau et la photographie. Pourtant, ils surent utiliser des techniques avancées dans des conditions extrêmes. Et grâce à leurs vidéos, ils ont partagé avec de nombreuses personnes un monde rude mais précieux.

Même dans leur quête personnelle, ils étaient également reconnaissants envers ceux qui les avaient soutenus dans leurs ascensions. Ils se sont sentis investis de la mission de leur rendre la pareille en gravissant ces montagnes et avaient de nombreux fans et supporters, même parmi ceux qui ne pratiquaient pas. »

À une époque où l’alpinisme était devenu moins populaire au Japon, « il ne fait aucun doute qu'ils ont contribué à sa renaissance.  Et ils aimaient leur famille. S'ils avaient continué à grimper plus haut et plus fort, cela se serait-il terminé de la même manière ? Aucun de ces deux grands alpinistes n'aurait pu éliminer cette possibilité.

Mais nous devons nous rappeler qu'ils aimaient la montagne et qu'ils ont rendu des gens heureux grâce à elle. Je prie pour que ces deux grimpeurs exceptionnels qui étaient mes amis reposent en paix. »

Pourquoi les Piolets d'Or ?

Les Piolets d’Or ont pour objectif de célébrer l’alpinisme de haut niveau, sur le plan technique, mais aussi celui de l’esprit. Ils réunissent les acteurs des plus remarquables ascensions de l’année précédente, réalisées sur les montagnes du monde. Ils entendent faire partager l’alpinisme au plus large public et valoriser pour cela des aventures réalisées dans un milieu naturel fascinant, où les alpinistes cherchent un accomplissement fondé sur une éthique sportive, le respect du milieu naturel et celui des cultures locales, conformément aux principes énoncés dans la Charte des Piolets d’Or..

L'Esprit de l'alpinisme moderne

Plus que la reconnaissance d'une performance, les Piolets d'Or célèbrent un engagement, un esprit, des valeurs. L’esprit des Piolets d’Or puise son inspiration dans l'histoire de l’alpinisme, l'authenticité de l’esprit de cordée.Le style doit primer sur la réussite de l'objectif. Il ne s’agit plus de parvenir au sommet à tout prix, en employant des artifices financiers, techniques (oxygène, cordes fixes, porteurs d’altitude, produits "dopants", etc.) ou des moyens humains importants (porteurs d’altitude, sherpas). Les Piolets d’Or valorisent l’imagination dans la recherche d’itinéraires innovants, l’économie maximale de moyens, la mise à profit de l’expérience, le respect des hommes et de la nature. Ils s'attachent à faire de l'alpinisme une richesse partagée et valorisée au niveau mondial, capable de rassembler autour de valeurs morales et de comportements exemplaires, le meilleur des ambitions humaines.

 

 

Les Piolets d'Or

 

Le Piolet d'Or Carrière - Trophée Walter Bonatti

En 2009, le premier Piolet d’Or Carrière était attribué à Walter Bonatti. Son alpinisme reflétait parfaitement l’esprit que les Piolets d’Or s’attachent à promouvoir. Walter en est devenu un peu le parrain pour la lignée de ceux qui recevront cette distinction. En hommage à celui qui a légué à ce prix un peu de son esprit, celui-ci s’appellera désormais : Piolet d’Or Carrière, "Trophée Walter Bonatti".

Depuis 2009, date de la création des Piolets d’Or, un hommage est rendu chaque année à un alpiniste pour l'ensemble de sa carrière. Le Comité d’organisation des Piolets d’Or propose un alpiniste qui, part son engagement et son éthique, aura marqué son époque.
Les Piolet d'Or Carrière :
2009 : Walter BONATTI
2010 : Reinhold MESSNER
2011 : Doug SCOTT
2012 : Robert PARAGOT
2013 : Kurt DIEMBERGER
2014 : John ROSKELLEY
2015 : Chris BONINGTON
2016 : Wojciech KURTYKA
2017 : Jeff LOWEA
2018 : Andrej ŠTREMFELJA
2019 : krzysztof WIELICKI
2021 : Catherine DESTIVELLE
2021 : Yasushi YAMANOI
2022 : Silvo KARO
2023 : George LOWE
2024 : Jordi COROMINAS

Ils nous soutiennent

Vous voulez nous soutenir ? Demandez notre dossier de partenariat...

Organisateurs 2024