©Symon Welfringer
Face sud et arête sud-ouest - Revers Gagnant (environ 2 500 m, M4+ WI4+ 90°),
Pierrick Fine et Symon Welfringer (France),
16-19 octobre pour l'ascension..
Après que la pandémie ait contrecarré leurs projets de voyage au Népal à l'automne, Fine et Welfringer n'ont eu que deux semaines pour trouver une nouvelle idée. Le Pakistan était le seul pays à leur accorder l’entrée sur leur territoire et, après une étude approfondie des données cartographiques, ils ont opté pour la face sud inconnue du Sani Pakkush, un sommet de 6 952 m dans le Karakoram occidental qui n'avait été gravi qu'une seule fois, en 1991, par des Allemands via l'arête nord-ouest.
Il s'agit d'une expédition exploratoire : la face sud est grande et complexe et s'élève à la tête de la vallée de Toltar, la partie supérieure du glacier n'ayant certainement jamais été atteinte par des alpinistes. Les chances de succès étaient minces, car le mois d'octobre est généralement beaucoup trop tardif pour gravir des montagnes d’ampleur au Pakistan.
Après plus de deux semaines d'acclimatation, par un temps clair mais froid, ils ont gravi un éperon difficile en neige, glace et mixte sur l’extrémité gauche de la face, avec deux mauvais bivouacs, avant de s'arrêter tôt le troisième jour sur un site confortable de l'arête sud-ouest. Le lendemain, sept heures de dur labeur dans une neige inconsistante les conduisirent au sommet. Le quatrième jour, les voici de retour à leur camp de base situé à 4 100 m, désescaladant et descendant en rappel la voie d'ascension.
SYMON WELFRINGER
- FR
Né en 1993, Symon Welfringer a grandi en Moselle où, bien loin des montagnes, il a cultivé sa passion pour l’escalade. Un amour de jeunesse qu’il n’a jamais délaissé, depuis les podiums de coupe de France espoir jusqu’au relais de son premier 8c+ à Céuse. Ce n’est qu’en école d’ingénieur météo à Toulouse, après deux difficiles années de classe prépa, qu’il découvre vraiment l’alpinisme. À l’instar d’un certain David Lama, il utilise ses qualités de grimpeur pour se spécialiser dans les itinéraires très techniques et vit alors une ascension fulgurante dans le milieu. On le retrouve notamment au sommet de Divine Providence en hivernale pour une rare répétition de la voie mythique du Massif du Mont-Blanc. Mais rapidement, ce sont les aventures himalayennes qui commencent. En 2018, il ouvre Le quatuor à cordes (6B, A2, M4, 80º, 1100 m) en face ouest du Lobuche Est (6120 m) dans le Khumbu népalais. L’année suivante, direction le Pakistan pour l’ouverture d’une nouvelle voie au Risht Peak (5 960 m), Sur la route de l'école (M6/5/70°, 500 m). L’un des trois compagnons de cordée avec qui il partage cette aventure se nomme Pierrick Fine ; et on connaît la suite de l’histoire. Après avoir réembarqué pour le Karakorum où ils frappent leur Revers Gagnant (2500 m, ED+, 90°, M4+, WI4+) dans une écrasante face vierge, les deux compères ont partagé non seulement le sommet du Sani Pakkush (6953 m), mais aussi le Piolet d’Or 2021.
PIERRICK FINE
- FR
Pierrick Fine, 26 ans, représente la nouvelle vague française d’un alpinisme exploratoire et engagé en haute altitude. Moniteur d’escalade et de canyon, guide de haute montagne, vice champion du monde de cascade de glace et membre du GEAN, ce véritable touche à tout, né au pied de la Dent de Crolles, s’est vite dirigé vers des montagnes plus hautes que les sommets de Chartreuse.
Après deux ouvertures marquantes en 2019, d’abord sur le sommet vierge du Risht Peak Sur la route de l’école, 5, M6, 70°, 450m, Pakistan) puis au Grosvenor (Tcheu cte panthère, ED, WI5+, M4, VI,1300m, Chine), il récidive au Pakistan en pleine pandémie avec Symon Welfinger. Ils viennent à bout du Sani Pakkush, 6953 m, en traçant dans une face vierge Revers Gagnant (2500 m, ED+, 90°, M4+, WI4+), ascension qui leur vaut aujourd’hui la reconnaissance de la communauté alpine avec le prestigieux Piolet d’Or 2021.
