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2009 - Walter Bonatti

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L'alpiniste Walter Bonatti fait ses adieux.
Quarante-cinq ans après avoir mis fin à sa carrière d'alpiniste extrême, le mythique grimpeur italien a annoncé ce week-end qu'il mettait fin à sa vie publique.
À 79 ans, l’Italien reste une référence absolue, un repère dans l’univers de l’alpinisme. En remettant à Courmayeur le premier Piolet d’or Carrière à Walter Bonatti, le milieu montagnard a honoré le massif du Mont-Blanc, lieu de prédilection de l’alpiniste italien. Mais surtout, une carrière exceptionnelle et un homme de conviction. Des images et des mots qui ont résonné dans une salle comble et particulièrement émue.

Walter a juste prononcé quelques mots : " N'oubliez pas que la solitude développe la sensibilité et nos émotions. "

En 1965, quand Walter Bonatti fait ses adieux à l’alpinisme, il est sans doute le plus grand alpiniste de son époque. Pour tirer sa révérence, Bonatti a imaginé un fantastique exploit : l'ouverture en hiver et en solitaire d'une voie directe dans la face nord du Cervin. A 35 ans, il accomplit là son dernier chef d'œuvre, le point d'orgue d'une fantastique série d'ascensions.

Le jeune homme originaire de Bergame fait irruption sur la scène de l'alpinisme en 1949. Il a 19 ans quand il réalise la sixième ascension de l'éperon Walker des Grandes Jorasses avec trois jeunes amis. Deux ans plus tard, il règle le dernier problème du moment, la face est du Grand Capucin, le mur le plus raide du massif du Mont-Blanc.

Walter Bonatti participe en 1954 à l'expédition italienne au K2. Expérience douloureuse durant laquelle il survit à un terrible bivouac à haute altitude avec le porteur Mahdi, suite à un malentendu avec ses compagnons. Au retour, il doit faire face à des attaques injustifiées, et il ne lui sera rendu raison que 50 ans plus tard.

Il se lance alors un extraordinaire défi et réussit en 5 jours de l’été 1955 la première du pilier sud-ouest des Drus en solitaire. Suivent les premières de la face est du grand Pilier d'Angle au mont Blanc (1957 avec Toni Gobbi), du pilier Rouge du Brouillard (1959, avec Andrea Oggioni) ou de la face nord du grand Pilier d'Angle, une terrible course de glace (1962, avec Cosimo Zappelli).

Il prend sa revanche en Himalaya en 1958 au Gasherbrum IV (7980 m), dont il atteint le sommet avec Carlo Mauri.
En 1961, il est l'un des rescapés de la tragédie du pilier du Frêney, au mont Blanc, au cours de laquelle quatre des sept alpinistes trouvent la mort dans la tempête. En janvier 1963 il réussit, par un froid polaire, la première hivernale très convoitée de l'éperon Walker des Grandes Jorasses.
Rares sont ses premières qui relèvent de l'anecdote. La logique de l'itinéraire, l'engagement, l'esthétique et le respect de l'éthique d'un alpinisme naturel en sont les marques.

Après son exploit au Cervin, Walter Bonatti consacre son temps au voyage, à la photo et à l'écriture. Il collabore à de grands magazines italiens, comme Epoca. S'il se tient désormais à l'écart du monde alpin, il en reste la référence. Sa voie au Grand Capucin devient classique, son pilier aux Drus est un modèle d'élégance que tout alpiniste rêve d'escalader. Mais l'importance de Walter Bonatti dépasse de beaucoup l'énumération de ses performances, et tient à son discours, celui de l'homme droit, exigeant, humaniste qu'il est.

45 ans après ses adieux, Walter Bonatti est resté un repère dans l'univers de l'alpinisme.

Pour toutes ses raisons, il se voit remettre par Fabrizia Derriard et Eric Fournier, maires de Courmayeur et de Chamonix, le titre de citoyen d'honneur du Mont-Blanc le 31 juillet 2010.

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2010 - Reinhold Messner

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Reinhold Messner est connu pour être le premier homme à avoir gravi les 14 sommets de plus de 8000 mètres. Incontournable, ce haut fait n’en est pas moins réducteur. Pas seulement parce que Reinhold Messner a en fait gravi 18  « huit mille », mais bien parce qu’à plusieurs reprises il a transgressé les règles communément admises, et effectué de véritables sauts dans l’inconnu.

Le jeune Messner a d’abord défrayé la chronique dans ses Dolomites natales. L’histoire a retenu qu’en 1968, il ouvre avec son frère Gunther  au Sass dla Crusc (aussi appelé Heiligkreuzkofel) une voie de 550 m où fut gravi pour la première fois un passage de VIII, soit 7a dans le système de cotations français. L’année suivante, il étonne le monde de l’alpinisme en réussissant en solo les deux voies les plus dures de l’époque, en rocher et en glace : le dièdre Philipp-Flamm de la Civetta, et la face nord des Droites, dont c’était la quatrième ascension. Cette dernière, exécutée en 8h30, n’avait jamais été réussie avec moins de deux bivouacs.
 

En 1970, il participe à une expédition au versant Rupal du Nanga Parbat (8125 m), un des plus gros problèmes de l’Himalaya. Au sommet avec son frère, sans corde, ils décident de descendre par le versant Diamir. Gunther disparaît dans une avalanche au bas de la face. Reinhold réussit à rejoindre la vallée, au terme d’une incroyable odyssée. A la face sud-ouest du Manaslu, en 1972, il touche le sommet à nouveau en solitaire. En 1975, il participe à l’expédition de Riccardo Cassin à la face sud du Lhotse. Malgré une forte équipe, c’est l’échec. Reinhold songe déjà à l’étape suivante : affronter les 8000 à deux, en style alpin. Il a trouvé le compagnon idéal : Peter Habeler. Ensemble, les deux hommes ont fait la preuve de leur rapidité et leur maîtrise, notamment à la face nord de l’Eiger, gravie en 10 heures en 1974. C’est le record de l’époque. Quelques semaines après l’échec du Lhotse, il ouvre avec Peter une voie au Gasherbrum 1 (8068 m). L’ère du style alpin sur les plus hautes montagnes de la Terre est ouverte. En 1978, Reinhold ouvre une voie en solo sur le versant Diamir du Nanga Parbat, et la même année, réussit avec Peter Habeler la première de l’Everest sans apport artificiel d’oxygène. La plupart des scientifiques pensaient l’entreprise très risquée. L’altitude de l’Everest est en effet à la limite de ce qui semble humainement possible.

Suivront d’autres performances, comme l’ouverture d’une voie en solo sur le versant nord de l’Everest en 1980, durant la mousson. En 1982, Messner ouvre une voie difficile au Kanchenjunga avec Friedl Mutschlechner. En 1984, un nouveau pas est franchi avec le premier enchaînement de deux 8000, Gasherbrum 2 (8035m) et Gasherbrum 1 (8068m), avec Hans Kammerlander. Les deux hommes signent à nouveau ensemble une ouverture à la face ouest de l’Annapurna en 1985. En 1986, ils forment la même cordée alors que Reinhold boucle ses 14 « huit mille ». Entre temps, il aura mené des tentatives novatrices comme la face sud du Makalu ou une hivernale de la face sud-ouest du Cho Oyu.

Désormais entré dans la légende, adulé ou décrié, Reinhold se tourne alors vers l’aventure et l’exploration (Tibet, Bhoutan, Pamir, Désert de Gobi, Groenland, Antarctique, Georgie du sud …). Il s’engage pour la défense de l’environnement, cause qu’il va épouser jusqu’à être élu au Parlement Européen en 1995. A la fin de son mandat, il se lance dans la réalisation de 5 musées dédiés à la montagne, les Messner Mountain Museums. Il s’est aussi engagé dans la construction d’une école dans la vallée de Diamir, au pied du Nanga Parbat, par le biais de sa fondation.

Au début des années 70, encore jeune grimpeur tout juste échappé des Dolomites, Reinhold Messner avait publié un ouvrage prémonitoire « Le septième degré ». Ce livre contenait les germes qui préfiguraient  les incroyables progrès qui allaient toucher l’activité. A l’image de ce livre inspiré, la trace que Messner a laissée sur l’alpinisme et bien celle d’un visionnaire.

 

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2011 - Doug Scott

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Doug Scott incarne l’alpinisme d’aventure et d’exploration sur les sommets du monde. Il est l’un de ces visionnaires qui ont démontré qu’on peut escalader les plus hauts sommets de la planète comme on le fait dans les Alpes, en compagnie de quelques amis, avec pour tout bagage ce que peut contenir un sac à dos.

En 1967, il « fait la route », relie en camion le Royaume-Uni et l’Afghanistan pour gagner l’Hindu Kuch et gravir le Koh-e-Bandaka, 6812 m. En Terre de Baffin en 1972, il ouvre un merveilleux pilier au mont Asgard. Il participe à la première du Changabang, 6 864 m, au Garhwal, en 1974.

En 1975, il est au sommet de l’Everest avec Dougal Haston, après la première de la face sud-ouest, qui marque l’apogée de l’ouverture des grandes faces himalyennes. Parvenus au sommet en fin de journée, ils font un rude bivouac au sommet sud. Doug se consacrera désormais exclusivement au style alpin. Doug et Dougal se retrouvent l’année suivante en Alaska et ouvrent une voie de 2800 m, très engagée, dans la face sud du Denali, 6195 m.

En 1977, avec Chris Bonington, il gravit l’Ogre, ou Baintha Brakk,7285 m, une des montagnes les plus difficiles du Pakistan. A la descente, il fait une chute sous le sommet et se brise les chevilles. Il mène une incroyable retraite à quatre pattes qui compte parmi les plus incroyables épopées de l’Himalaya.

En 1979, il, part au Kangchenjunga, 8585 m avec Joe Tasker, Peter Boardman et Georges Bettembourg et ouvre une voie sur l’arête nord. Cette même année, il est au Kusum Kanguru avec Georges, et à la face N du Nuptse avec Alan Rouse, Brian Hall et Georges Bettembourg…

En 1982, c’est à la face sud du Shishapangma qu’il ouvre une voie toujours en style alpin, avec Alex McIntyre et Roger Baxter-Jones.

Il fait plusieurs expéditions au K2, toujours en style alpin, et deux tentatives très poussées sur l’arête sud-est du Makalu, 8471 m, en 1980 et 1984. A chaque fois l’équipe redescend de la Combe Est, un vallon perché juste sous le sommet, depuis les altitudes de 8180 m puis 8370 m.

Il est aussi l’auteur d’une des plus belles voies du monde sur le Shivling, un sommet de 6543 m au Garhwal. L’arête est, ou arête de Ganesh, est gravie en 1981 par Doug Scott, Rick White, Georges Bettembourg et Greg Child. Cette ascension est entrée dans la légende par sa difficulté, sa beauté et le style impeccable dans lequel elle a été gravie.

Doug Scott et ses amis ont appliqué le style alpin dans tous les massifs du monde. Ils ont ainsi remis l’impossible à l’ordre du jour d’un alpinisme qui se fourvoyait dans une débauche de moyens techniques. Pour Doug, les amis avec qui il part sont aussi importants que l’objectif. Comme au temps de ses voyages en camion, il vit ses expéditions comme un nomade, avec ses amis et compagnons, avec sa famille parfois. Ses enfants ont connu l’Himalaya très tôt.
Dès 1989 Doug Scott s’est engagé aux côtés de la population népalaise, fondant la Specialist Trekking Co-Operative (devenue la Community Action Trek Ltd), dont les revenus ont permis de lancer la Community Action Nepal (CAT), parrainée par Chris Bonington. Ces organismes ont mené à bien de nombreux projets dans le domaine de la santé, de l’éducation et de l’économie locale. Doug Scott y est très actif.

Cette leçon aussi, mérite d’être transmise aux alpinistes d’aujourd’hui.

Doug Scott porte le titre de CBE (Commander of British Empire) et il a reçu la Médaille d’Or de la Royal Geographical Society.

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2012 - Robert Paragot

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Robert Paragot a promené sa célèbre fine moustache et son esprit d’alpinisme amateur sur les sommets du monde. Rien ne semblait le prédestiner à l’alpinisme souvent novateur qu’il a pratiqué. L’Ile-de-France est encore une campagne lorsque Robert y passe son enfance, mais c’est à Paris, où il travaille comme réparateur de machines à écrire, qu’il découvre l’escalade. Au lendemain de la guerre, avec les frères Lesueur, Edmond Denis, jeunes ouvriers comme lui, qui deviendront tous de grands alpinistes, il fréquente les rochers de Fontainebleau, grâce à un camion à gaz de la régie Renault. Ils écument les rochers de ce laboratoire de la grimpe, dans une ambiance potache qui ne les empêche pas d’accumuler les performances…

En 1950, les « Bleausards » débarquent à Chamonix. De courtes vacances au cours desquelles ils font leurs premières armes. Les jeunes parisiens ne doutent de rien et regagnent leur atelier avec la face Nord des Drus en poche…

En 1952, Robert escalade l’éperon Walker, avec les Lesueur et Edmond Denis. De leur bivouac, ils voient des lumières au sommet des Drus. D’autres parisiens bivouaquent là-haut, ils viennent de réussir la première de la face Ouest. Parmi eux, Lucien Bérardini, qui deviendra son inséparable compagnon de cordée. En 1953, ils font ensemble la troisième de la face est du Grand Capucin, ouverte deux ans auparavant par Walter Bonatti. Cette année-là, Robert ouvre la Joker, une voie extraordinaire à Fontainebleau. Elle est cotée aujourd’hui 7a…

Forts de leurs succès alpins, les jeunes parisiens partent pour la face Sud de l’Aconcagua. Le plus haut sommet des Amériques cote à l’époque 7035 m (il est estimé à 6962 m aujourd’hui). Surtout, la paroi est haute de 3000 mètres, et présente des difficultés jamais abordées à une telle altitude et sur une paroi d’une telle ampleur. Ils équipent le premier tiers de la paroi et réalisent qu’à ce rythme, ils n’arriveront jamais au sommet. Malgré les difficultés qui s’annoncent, ils décident de partir du camp 2, situé à 5000 mètres, et de tenter directement le sommet. On ne parle pas encore de « style alpin », mais c’est bien de cela dont il s’agit. 2000 mètres d’escalade difficile, entre 5000 et 7000 m, cela n’a jamais été tenté à cette époque, et cela ne le sera plus avant des années… Le prix du succès est lourd : Adrien Dagory, Pierre Lesueur, Guy Poulet, Lucien Bérardini, Edmond Denis subissent de cruelles amputations, conséquences de graves gelures.

Paragot au Capucin
Au retour, la cordée Paragot-Bérardini se reforme, et signe dès l’été 1955 une belle première à la face Nord du Grand Capucin. Robert s’est occupé attentivement de son compagnon, jusqu’au moment symbolique où il passe le matériel à « Lulu » et lui intime de prendre la direction de la cordée.

Pour Robert, l’élan est donné. En 1956, il participe à une expédition novatrice : avec Guido Magnone, André Contamine et Paul Keller, ils partent pour la spectaculaire tour de Mustagh, 7273 m, au Karakoram. L’idée est de tenter à quatre un sommet élevé et technique. Peu importe qu’une forte expédition britannique les "grille" de quelques jours au sommet. Deux belles premières sont réussies dans un style qui annonce l’avenir. Et l’expédition française, solidaire de l’équipe concurrente, s’occupe de l’évacuation de John Hartog, atteint de gelures.

Le Jannu, à 7710 m, demandera plus de moyens. La première tentative, en 1959, échoue non loin du sommet. Robert est de la cordée de pointe, il sera le premier au sommet en 1962. Là encore, il participe à une réalisation novatrice, du fait de la complexité du sommet.

C’est encore un gros morceau auquel s’attaque Robert en 1966, cette fois comme chef d’expédition (ce qui ne l’empêche pas d’aller au sommet). La face Nord du Huascaran (6768 m) est immense, verticale, et surtout rocheuse. Rares sont les itinéraires de ce type gravis à cette époque.

En 1971, Robert dirige sa plus grosse entreprise : le pilier Ouest du Makalu, 8463 m. Le début des années 70 est consacré aux grands itinéraires techniques sur les 8000. Le pilier est sans doute l’un des plus beaux : on l’a surnommé « la Walker de l’Himalaya ». Yannick Seigneur et Bernard Mellet en atteignent le sommet.

Chef d’expéditions nationales, président du Groupe de haute montagne (GHM), Robert, qui continue à grimper avec ses amis, Lucien Bérardini ou Pierre Lesueur, assumera en plus la présidence de la Fédération française de la montagne (FFME). Son charisme, celui de ses amis les rapprochent des jeunes grimpeurs. Au-delà d’un palmarès souvent innovant, Robert a le don de l’amitié et l’amour de l’alpinisme. De nombreux jeunes Français ont choisi la face sud de l’Aconcagua pour faire leurs premiers pas en expédition. Ce n’est pas seulement parce qu’il est plus facile de se rendre dans les Andes que dans l’Himalaya. La proximité de ces grands anciens y est pour beaucoup. Ils ont su tisser avec les générations suivantes des liens profonds, affectueux, des liens qui font la culture et la force de l’alpinisme.

Claude Gardien

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2013 - Kurt Diemberger

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Né en 1932, à Villach, en Autriche, ce monsieur de 81 ans a connu une jeunesse tumultueuse dans les montagnes. Il commençait ses étés dans les Alpes occidentales, alors que la glace était en bonne condition, et les finissaient sur le rocher des Dolomites, en septembre. A ce rythme, Kurt Diemberger accumula vite une liste de courses impressionnante. Entre 1956 et 1958, il gravit, avec son ami et compagnon de cordée Wolfgang Stefan les « Trois faces Nord » : Cervin, Eiger, Grandes Jorasses.
    

En 1957, il participe à la première du Broad Peak (8051 m), une expédition audacieuse pour l’époque à seulement quatre alpinistes : Kurt Diemberger, Markus Schmuck, Fritz Wintesteller et le légendaire Hermann Buhl, auteur de la première du Nanga Parbat (8125 m) en 1953. Après le Broad Peak, il part avec Buhl pour le beau sommet du Chogolisa (7665 m), en style alpin. Dans le brouillard, Buhl disparaît à la suite d’une rupture de corniche.

Kurt connaît à nouveau la joie du sommet au Dhaulagiri (8167 m), en 1960, avec une expédition suisse. Il devient alors l’un des trois alpinistes a avoir eu le privilège de gravir deux « 8000 » vierges*. Mais ce ne sont pas là ses seules aventures en Himalaya : Kurt mène plusieurs expéditions légères en Hindu Kuch, gagnant l’Afghanistan depuis l’Autriche au volant d’un minibus VW. Il y réussit plusieurs ascensions en style léger, parmi lesquelles celle du Tririch Mir IV (7338 m).

En 1978 il gravit au printemps le Makalu, puis l’Everest à l’automne, avec Pierre Mazeaud. En 1979 il réussit Gasherbrum II (8035 m), puis, en 1986, le K2 (8611 m). Pris par la tempête, Kurt et sa compagne Julie Tullis sont bloqués en altitude. Julie décède d’un œdème, Kurt s’en tire avec de gelures qui lui valent de sévères amputations.

Kurt Diemberger continue depuis à courir les montagnes, en particulier en Chine. Ecrivain, cinéaste, conférencier, ses œuvres témoignent de sa vitalité, de sa passion pour la montagne, et de son exceptionnelle longévité.

* Kurt Diemberger : Broad Peak, avec Hermann Buhl, en 1957; Daulaghiri, avec l'expédition suisse en 1960
Hermann Buhl (Autrichien) : Nanga Parbat en solo (1953) ; Broad Peak avec Kurt Diemberger en 1957
Gyaltzen Norbu (Népalais) : Makalu avec l'expédition française en 1955 ; Manaslu avec les Japonais en 1956
Malheureusement Hermann Buhl est mort sous les yeux de Kurt au Chogolisa, 15 jours après le Broad Peak. Quand à Gyaltzen Norbu il a été emporté dans une avalanche en 1961 sur les pentes du Langtang Lirung.

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2014 - John Roskelley

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Cet alpiniste américain, né en 1948, vit à Spokane, dans l’état de Washington. Il était si peu connu en Europe que le célèbre magazine Mountain, dans les années où John commençait à faire beaucoup parler de lui, titra son portrait : « Who is this man ? ». John Roskelley, à cette époque, était une sorte de curiosité. Il accumulait les ascensions difficiles à haute altitude à une cadence accélérée. En 1976, ce Mr Roskelley se révèle la cheville ouvrière de l’immense face nord-ouest de la Nanda Devi (7816 m). Les récits insistent sur son endurance, son efficacité en altitude, et son … grand caractère.

En 1977, il réussit la première de la Grande Tour de Trango (6286 m), avec Galen Rowell, Kim Schmitz et Dennis Hennek. L’année suivante, après une tentative à la face nord du Jannu en cordée de deux, il est au K2 (8611 m), pour la première de l’arête nord-est, une longue voie qui est restée rare. Les Américains, sous la direction de Jim Whittaker, ne font appel ni à l’oxygène, ni aux porteurs d’altitude. En 1979, c’est lors d’une ascension technique que John fait à nouveau parler de lui : la première du Gaurishankar (7134 m). Il mène en tête la plupart des nombreuses longueurs difficiles. En 1980, il est au pilier ouest du Makalu (8481 m), dont il atteint le sommet en solo. Comme au K2, l’équipe ne compte que sur ses seules forces.

John poursuit ses expéditions presque chaque année.Il est toujours actif, ayant réussi la célèbre Slipstream en 2009. L’an dernier, il a gravi Goats Beard, la plus longue cascade des USA. Auteur de plusieurs livres relatant ses expéditions, John Roskelley s’est tourné vers la politique. Il est très actif auprès de ses concitoyens de Spokane. C’est une forte personnalité, un homme de conviction, au verbe haut en couleur que les Piolets d’Or fêteront cette année.

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2015 - Chris Bonington

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Né en 1934, Chris Bonington commence l’escalade à 17 ans. Il participe à une ascension précoce du pilier Bonatti aux Drus, dès 1958. Très vite, il est appelé à participer à des aventures himalayennes : il touche le sommet de l’Annapurna II (7927 m) en 1960, puis celui du Nuptse (7861 m) en 1961. Puis les premières s’enchaînent : le Pilier Central du Frêney au mont Blanc (1961, avec Don Whillans, Ian Clough et Jan Dlugosz), Tour Centrale de Paine (Patagonie, 1963, avec Don Whillans), Pilier de droite du Brouillard (1965, avec Rusty Baillie, John Harlin, Brian  Robertson). En 1966, devenu reporter-photographe, il couvre l’ascension de la Directissime de l’Eiger, apportant son aide à l’équipe de John Harlin.

En 1970, les himalayistes profitent de la réouverture du Népal pour se lancer dans l’escalade des parois les plus techniques des géants de la Terre. Chris Bonington réunit une forte équipe sur la face sud de l’Annapurna, qui place Don Whillans et Dougal Haston au sommet. Il organise en 1975 l’expédition qui résout le problème de la face sud-ouest de l’Everest. Entre-temps, il a gravi au Garhwal le Brammah 1 (6411m), et le Changabang (6864m). En 1977, Chris Bonington est au sommet du Baintha Brakk (7285 m) avec Doug Scott, qui se brise les chevilles au début de la descente. Les deux hommes mènent une des plus extraordinaires descentes de l’histoire de l’Himalaya. En 1981, il est au Kongur (7719 m), pour la première de cet énorme sommet de Chine. En 1983, il ouvre avec John Fotheringham, une voie rocheuse technique sur le Shivling (6543 m). Il a pendant ce temps organisé une expédition à la face ouest du K2 (1978) et à l’arête NE de l’Everest (1982). Suivront deux expéditions au Melungtse, le Vinson en 1983, et l’Everest, dont il atteint le sommet en 1985...

Les réalisations de Chris Bonington ont marqué l’alpinisme, dans les Alpes comme en Himalaya. Il a publié de nombreux livres, traduits dans de nombreux pays. Homme d’entreprise et de communication, il est honoré par le Royaume Uni, qui lui décerne de nombreuses distinctions. Il est anobli en 1996. En 2014, pour fêter ses 80 ans, il est retourné gravir une de ses plus célèbres escalades : Old Man of Hoy, une tour spectaculaire des Orcades dont il avait fait la première ascension en 1966, et où il avait organisé une grande émission pour la BBC en 1967.

C’est un alpiniste brillant et passionné qui prend place cette année parmi les titulaires du Piolet d’or

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