Piolets d'Or - Ascensions lauréates 2021

Ascensions lauréates 2021

MENTION SPÉCIALE 2021 - SILVIA VIDAL

©Silvia Vidal

Les Piolets d'Or encouragent l'alpinisme d’avant-garde, en style alpin, faisant plus avec moins. Nos prix reflètent cette philosophie. Mais ils défendent également l'esprit d'exploration, un haut niveau d'engagement et d'autonomie.

À cet égard, les Piolets d'Or souhaitent cette année reconnaître l'énorme contribution de Silvia Vidal à l'escalade solitaire de grandes parois depuis plus de deux décennies. Cette Catalane est bien connue pour ses impressionnants exploits d'endurance et d'escalade artificielle difficile sur de grandes parois isolées dans le monde entier. Ses ascensions les plus remarquables ont été réalisées le plus souvent en autonomie totale : seule, sans radio, sans portable, sans GPS, sans prévisions météorologiques, sans communication. Son usage d'équipement foré a toujours été minimal et réalisé à la main.

Les nouvelles voies de Vidal, escaladées en style capsule, se trouvent dans des endroits tels que l'Alaska, le Canada, le Chili, l'Inde, le Mali, le Pakistan et le Pérou. Ses principales ascensions en solo incluent : Life is Lilac (870 m, 6a A4+), Shipton Spire, Pakistan (21 jours seule dans la face, 2007) ; Naufragi (1 050 m, 6a+ A4+), Raldang, Inde (25 jours seule dans la face, 2010) ; Espiadimonis (1500 m, 6b A4), Serrinia Avalancha, Chili (deux semaines à fixer les 350 premiers mètres, puis 32 jours dans la face, soit un total de près de deux mois en solitaire dans cette région sauvage, 2012) ; Un Pas Més (530 m, 6a A4+), Xanadu, Alaska (36 jours à transporter le matériel, 540 km de marche, pour monter comme pour descendre de la face, et 17 jours seule sur le mur, 2017), et plus récemment Sincronia Magica (1 180 m, 6a+ A3+), El Chileno Grande, Chili (16 jours de portage aller-retour, et après avoir fixé les 180 m du départ, 33 jours seule dans la paroi, 2020).

 

 

MONT ROBSON (3954M)

©Ethan Berman
Face (nord-ouest) de l’Empereur - Running in the Shadows (2 300 m, US VI, M6 AI5 A0),
Ethan Berman (USA) et Uisdean Hawthorn (UK).
Du 30 septembre au 1er octobre pour l'ascension.

Le Mont Robson est le plus haut sommet des Rocheuses canadiennes et la face de l’Empereur la plus grande paroi mixte des Rocheuses. Il existait déjà cinq voies ou variantes dans cette face, à commencer par la première, ouverte en 1978 par Jamie Logan et Mugs Stump. Cependant, cette nouvelle voie suit un système de goulottes bien visible à droite de la voie Kruk-Walsh de 2010 et a été escaladée dans un style excellent : Berman et Hawthorn sont seulement la deuxième cordée (et la première depuis près de 40 ans) à gravir une nouvelle ligne sur la face et à atteindre le sommet sans utiliser d'hélicoptère pour l'approche ou la descente.

Le duo a marché 20 km depuis la route jusqu'à la montagne (empruntant le même chemin au retour), a bivouaqué sous la face, puis a grimpé 1 800 m jusqu'à l'arête de l'Empereur, où ils se sont arrêtés pour un second bivouac après 19 heures d’activité. Toute l'escalade technique s'est faite en terrain inconnu, avec des longueurs difficiles à travers des barres rocheuses raides et finement glacées rappelant plutôt l'Ecosse. Le lendemain, par mauvais temps et avec une mauvaise visibilité, ils ont effectué une traversée complexe d'un kilomètre le long du flanc ouest de l'arête de l'Empereur pour atteindre le sommet, où ils ont bivouaqué une fois de plus avant d'entreprendre une descente de 3 000 mètres sur la voie Kain.

 

SANI PAKUSH (6952M)

©Symon Welfringer

Face sud et arête sud-ouest - Revers Gagnant (environ 2 500 m, M4+ WI4+ 90°),
Pierrick Fine et Symon Welfringer (France),
16-19 octobre pour l'ascension..

Après que la pandémie ait contrecarré leurs projets de voyage au Népal à l'automne, Fine et Welfringer n'ont eu que deux semaines pour trouver une nouvelle idée. Le Pakistan était le seul pays à leur accorder l’entrée sur leur territoire et, après une étude approfondie des données cartographiques, ils ont opté pour la face sud inconnue du Sani Pakkush, un sommet de 6 952 m dans le Karakoram occidental qui n'avait été gravi qu'une seule fois, en 1991, par des Allemands via l'arête nord-ouest.

Il s'agit d'une expédition exploratoire : la face sud est grande et complexe et s'élève à la tête de la vallée de Toltar, la partie supérieure du glacier n'ayant certainement jamais été atteinte par des alpinistes. Les chances de succès étaient minces, car le mois d'octobre est généralement beaucoup trop tardif pour gravir des montagnes d’ampleur au Pakistan.

Après plus de deux semaines d'acclimatation, par un temps clair mais froid, ils ont gravi un éperon difficile en neige, glace et mixte sur l’extrémité gauche de la face, avec deux mauvais bivouacs, avant de s'arrêter tôt le troisième jour sur un site confortable de l'arête sud-ouest. Le lendemain, sept heures de dur labeur dans une neige inconsistante les conduisirent au sommet. Le quatrième jour, les voici de retour à leur camp de base situé à 4 100 m, désescaladant et descendant en rappel la voie d'ascension.

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