©Matthias Gribi
Première ascension de Tomorrow Is Another Day (1 400m, ED, 5c A2 WI4 M6) dans la face nord du Flat Top, Himalaya du Kishtwar, du 2 au 6 octobre. Descente par la face ouest vierge.
Les pics granitiques et acérés de l'Himalaya du Kishtwar, en Inde, se trouvent dans le territoire contesté du Jammu-et-Cachemire, une région qui, depuis de nombreuses décennies, est le théâtre de conflits entre les forces armées indiennes, les militants et les séparatistes. Il s'agit d'une situation indo-pakistanaise qui perdure, à des degrés divers, depuis la partition de 1947. Les années 1970 et 1980 ont constitué l'apogée de l'alpinisme dans cette région, après quoi l'insurrection généralisée a fait qu’elle est devenue interdite aux alpinistes étrangers, en particulier l'accès depuis l'ouest par la ville de Kishtwar. Récemment, la situation s'est améliorée et les nombreuses belles voies non gravies qui subsistent sont maintenant mûres pour la cueillette.
L'un de ces joyaux est la face nord du Flat Top (6 100 m), une montagne de la chaine Brammah, qui n'avait connu qu'une seule ascension, en 1980, par l'arête est. En 2018, une cordée anglo-néo-zélandaise de deux personnes a grimpé environ 700 m sur l'éperon nord, mais a été vaincue par le mauvais temps. Leur tentative ultérieure sur l'arête est a également échoué.
Après une fenêtre météo de quatre jours, trois jeunes alpinistes suisses, Hugo Béguin, Matthias Gribi et Nathan Monard, ont quitté leur base avancée le 3 octobre. Par une météo parfaite, ils ont suivi une ligne évidente au centre de la face nord, obliquant à droite après 600 m pour atteindre la crête de l'éperon nord. Cette traversée ascendante pour gagner l'éperon, durant le deuxième jour, s'est avérée être la section clé. Au-dessus, une escalade technique et raide sur la crête, ou lorsque cela n'était pas possible sur son flanc gauche, les a conduit au sommet à 19 heures le 6 octobre. Après quoi, le trio a descendu la face ouest vierge de la montagne (15 rappels) pour bivouaquer sur le glacier à l'ouest de leur itinéraire d'approche. Le lendemain, ils ont traversé la longue arête qui relie le Brammah I, ont descendu en rappel le versant opposé et regagné leur base avancée.
Le jury a estimé qu'il s'agissait d'une ligne élégante et techniquement difficile sur un sommet attrayant, dans une région peu visitée au cours des 40 dernières années. L'ascension s'est déroulée dans un style alpin parfait et la montagne a été traversée sans incident.