Tirich Mir (7708m)
Première ascension de The Secret Line dans la face nord du Tirich Mir (7 708 m) dans l'Hindu Kush, au Pakistan, du 17 au 23 juillet. Traversée de la montagne en descendant par la voie normale du versant nord-ouest.
Le Tirich Mir est la plus haute montagne de l'Hindu Kush et, à ce titre, était relativement populaire dans la seconde moitié du 20e siècle. Cependant, situé dans les coins les plus reculés du nord-ouest du Pakistan, tout près de la frontière avec l'Afghanistan, il est accessible par Chitral et a connu une activité presque insignifiante depuis le 11 septembre, en raison de la perception d'une menace terroriste accrue dans cette région. Depuis quelques années, l'alpiniste japonais Kazuya Hiraide s'intéressait à la face nord et, en 2019, un agent local lui a dit que les touristes étaient désormais autorisés à revenir dans la région. Il a demandé un permis, qui lui a été refusé. Le COVID-19 est alors intervenu, et ce n'est qu'à l'été 2023 que lui et Kenro Nakajima ont pu s’approcher de la montagne.
L'accès direct à la vaste face nord du Tirich Mir est bloqué par une cascade de glace de près de 1 000 m de haut. L'expédition tchécoslovaque qui, en 1967, établit la voie normale actuelle par le glacier supérieur du Tirich et l'arête nord-ouest, gravit d'abord cette cascade pour évaluer la possibilité d’une voie de ce côté. Elle n'a pas été parcourue depuis et les années écoulées l'ont rendue très dangereuse. Nakajima a déclaré qu'il n'avait « jamais vu une cascade de glace si cahotique et impracticable ».
La cordée japonaise avait donc besoin d'une solution de contournement. À l'aide de photos satellites, ils ont tracé un itinéraire dans le bassin glaciaire sous la face nord qui suivrait la section initiale de l'itinéraire normal et traverserait ensuite un col d’altitude sur la longue arête nord-ouest du Tirich Mir. Après avoir reconnu le col et caché du matériel, ils se sont acclimatés à 6 300 m sur la voie normale, puis sont partis du camp de base à 4 600 m le 17 juillet. Cette nuit-là, ils campent à 5 400 m et le lendemain, ils franchissent le col à 6 200 m. L'autre versant est raide et exposé aux chutes de pierres en raison des températures plus élevées que la normale ce mois-ci. Adoptant une approche pragmatique, le duo fixe quatre cordes pour faciliter la retraite. Huit rappels et quelques descentes leur permettent d'atteindre l'extrémité ouest du bassin, où personne n'avait encore mis les pieds. Le même jour, ils traversent jusqu'au pied de la face nord et campent à 5 500 mètres d'altitude.
Le lendemain, une recherche d'itinéraire complexe les conduit à leur troisième bivouac (à 6 150 m), où ils peuvent utiliser un hamac de glace pour construire une plate-forme pour leur tente.
Les difficultés liées à la neige et à la glace les amènent à un quatrième bivouac médiocre à 6 750 m d'altitude. Au-dessus, se trouve la plus grande incertitude de l'itinéraire - une grande barrière de séracs. Heureusement, le lendemain matin, ils réussissent à l’éviter par la gauche par de la glace dure et atteignent le col à 7 200 m entre le Tirich Mir et le Tirich Ouest I, où ils posent leur cinquième bivouac. Ils rejoignent ensuite la voie normale qui débouche à cet endroit par l'autre côté.
Le 23, Hiraide et Nakajima quittent leur bivouac et se mettent en route pour le sommet. Il y avait de nombreuses lignes différentes sur la large arête supérieure et les deux hommes grimpent quelques longueurs raides, qu'ils descendront ensuite en rappel pendant la descente. La plupart du temps, ils grimpent ensemble, atteignant le sommet vers 9h30 et regagnant leur camp à midi. Se sentant en pleine forme, ils continuent par la voie normale, descendant en rappel le couloirs-clé jusqu'au glacier Tirich supérieur et le descendent jusqu'à 6 300 m. Le lendemain, ils regagnent le camp de base.
Cette aventure longue, complexe et très engagée a été considérée par le jury comme une magnifique traversée d'une montagne de haute-altitude. Les membres du jury ont également noté que presque aucune information préalable n'était disponible pour faciliter l'ascension de la face nord cachée. L'utilisation de 200 mètres de corde fixe pour accéder à l'ascension (malheureusement non retirée ensuite) a été considérée comme un défaut mineur par rapport à l'ampleur globale de l'entreprise et à sa réussite.